Suite au concours, un recueil de nouvelles a été publié. Cette nouvelle en est extraite.
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Les décapités de Wortham
♦ Eliza GARDEREAU – 4e B ♦
Enseignante : Mme Amourette
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Il faisait sombre et froid… Je me réveillai, ligoté à une chaise avec du scotch sur la bouche. J’essayai de crier mais aucun son ne sortait, j’étais sonné par les coups que j’avais reçus…
Revenons deux jours plus tôt… J’allai chercher du lait à l’épicerie d’en bas. La rue était complètement vide, il n’y avait pas une seule voiture qui roulait, surprenant… Je trouvai cela très suspect, mais je continuai ma route. L’épicerie était très calme, j’en ressortais quand on m’appela. Sur mon téléphone, s’afficha « inconnu », je décrochai et une voix très étrange m’ordonna :
« – PAUL, NE BOUGE PLUS ! »
Très effrayé, je me mis à courir. Et là… Plus rien, je me retrouvai dans cette sorte de cabane qui était une infection.
A un moment, j’entendis plusieurs voix de jeunes. J’essayai de crier en vain…
« – Dylan, par ici, il y a une cabane, venez, on y va !
– Non Émilie, on n’y va pas, c’est sûrement habité.
– Trouillard ! Allez Jason, viens avec moi, toi ! On jette un œil et on s’en va, n’est-ce pas ?
– Mais oui, t’inquiète, on regarde s’il y a des toilettes et on ressort.
Une deuxième voix féminine dit :
– C’est bon, c’est ouvert les gars. AAAAHHHH ÇA PUE ! s’écria la voix non identifiée.
– Je vais voir si je peux trouver des toilettes, vous m’attendez ici. » décréta ‘Dylan’.
C’était probablement quatre jeunes adolescents qui se promenaient dans la forêt, leurs pas et le hasard les avaient conduits vers ma geôle de fortune. J’avais retenu trois prénoms : Dylan, Jason et Émilie. J’entendis les enfants explorer la pièce principale… je perdis connaissance.
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Une odeur infecte émanait de la pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer. Pourtant, Dylan, Émilie, Jason et Marie entreprirent d’explorer les lieux. Dylan n’avait que pour seul objectif, la recherche de toilettes, cela devenait urgent ! Émilie, elle, alla voir dans le frigo, en quête de nourriture. Elle se mit à hurler.
« – Quoi, qu’est-ce qu’il y a ?
– Regardez ! répondit Émilie, d’une voix chevrotante.
– Oh merde, c’est quoi ça ? Il faut partir d’ici au plus vite ! Dylan, dépêche-toi !!! cria Jason.
– Ouais, c’est bon, je suis là, pourquoi vous faîtes cette tête ?
– Faut qu’on parte ! Dans le frigo, là, il y a des dizaines de bocaux remplis de… de membres humains ! Elle désignait d’un doigt tremblant l’immonde réfrigérateur.
– C’est quoi ce bruit ? souffla Dylan. On dirait une voiture. OH NON ! Vite, cachez-vous !!! »
Marie et Jason se précipitèrent vers une porte, au fond de la cabane. Ils l’ouvrirent et trouvèrent, ô surprise ! un homme bâillonné et attaché à une chaise. Fébrilement, ils essayèrent de le détacher, mais les cordes étaient beaucoup trop serrées. Pas le temps… Abandonnant la victime, ils se mirent à l’abri derrière quelques vieux cartons qui traînaient là, pendant qu’Émilie et Dylan se blottissaient derrière un énorme canapé, dans la pièce principale.
La porte d’entrée s’ouvrit. Les enfants étaient tous terrifiés à l’idée d’être découverts, et de… mourir !?! Deux, non, trois hommes vêtus de vêtements maculés de sang et déchirés de partout, entrèrent. Ils étaient accompagnés d’un énorme chien féroce, qu’ils attachèrent à un pied de table. L’un d’eux portait sur l’épaule une femme inconsciente. Il la jeta violemment sur le sol, à quelques centimètres de Dylan et d’Émilie. La victime n’avait plus de mâchoire, elle avait été, semble-t-il, arrachée par du fil barbelé, il y avait du sang partout, c’était horrible ! Les hommes attrapèrent la malheureuse par les cheveux en riant et la déposèrent sur la table en bois. Ils la plantèrent avec une lame à de nombreuses reprises, puis prirent une hache et lui coupèrent les pieds ainsi que les mains. Ils donnèrent ses membres comme nourriture au chien, bien content de se repaître. L’un des hommes partit dans la chambre du fond voir l’otage qui y était enfermé. D’un geste sec, il enleva le scotch qui était collé sur sa bouche, en lui disant d’un air ironique :
« – On a une surprise pour toi, mon p’tit Paul !
– Qu’est-ce que vous me voulez ? souffla le supplicié.
L’homme ne répondit pas et sortit rejoindre ses camarades. Il attrapa le premier objet tranchant qui se présenta à lui et coupa la tête de la femme qu’il empoigna sans précaution. Il retourna voir Paul.
– Voilà ta surprise ! lui annonça-t-il en tenant la tête à bout de bras, sous le nez du pauvre homme.
Paul se mit à pleurer :
– Je vais vous tuer !
En gloussant, l’homme sortit rejoindre ses complices, laissant la tête de la femme par terre. Jason et Marie étaient choqués. Ils sortirent discrètement de derrière les cartons et demandèrent à Paul, en chuchotant :
– Vous la connaissiez ?
– C’était ma femme !, répondit-il, effondré.
Ils réussirent enfin à défaire ses liens. La fin de la journée passait très lentement pour les enfants ainsi que pour leur compagnon d’infortune. Ensemble, ils essayèrent d’élaborer un plan pour s’enfuir.
– Dylan et Émilie ?… dit Jason.
– Je suis sûr qu’ils vont bien… » tenta de le rassurer Paul.
Émilie et Dylan avaient assisté à toute la scène, la jeune fille sanglotait nerveusement, son ami avait mis sa main sur sa bouche pour l’empêcher de faire du bruit. L’un des tortionnaires s’élança sur le canapé pour y faire une petite sieste. Les deux autres partirent, probablement à la recherche d’autres personnes à torturer. La porte de la chambre où se trouvaient Paul et les 2 jeunes était entrouverte. Paul, qui ne tenait pratiquement pas debout, resta assis. Jason regardait pour voir si la voie était libre pour quitter cet endroit d’horreur, pendant que Marie explorait la chambre le plus silencieusement possible. Mais il restait cet homme assoupi sur le canapé. Émilie, qui voyait son ami, tenta de lui faire un signe discret. Jason la repéra et appela Marie. Cette dernière tenait plusieurs barres de fer qu’elle avait trouvées sous des cartons. Être armée la rassurait… un peu ! Les 4 amis essayèrent de communiquer. Malheureusement, Émilie, en faisant un geste plus ample que les autres fit tomber un vase qui atterrit par chance sur ses jambes ! Il était rempli d’oreilles… humaines ! Elle hurla intérieurement, étouffant de ses deux mains le cri qui ne demandait qu’à surgir de sa bouche tordue d’horreur, elle paniqua, sans réaliser qu’elle faisait beaucoup de bruit en s’agitant sur le parquet, qui ne cessait de grincer. L’homme se réveilla en sursautant et s’écria, tel un ogre furieux :
« – Qui ose venir m’interrompre dans mon sommeil ? »
Aussitôt, il se précipita dans la pièce où se trouvait Paul, pour vérifier si le prisonnier ne s’était pas échappé. Paul, toujours sur sa chaise, feignit d’être inconscient. Jason et Marie, qui s’étaient mis en embuscade de chaque côté de la porte, prirent leur courage à deux mains et lui mirent de violents coups de barres. L’homme s’empara de l’une des barres que tenait Jason et la lui planta dans l’œil ! Le garçon s’écroula net sur le sol. Marie, par réflexe, lâcha ses armes de fortune et s’élança vers son ami, mais c’était trop tard, manifestement, son cœur ne battait plus. Inconsolable, elle perdit tous ses moyens, se mettant ainsi à la merci de l’ogre. Émilie et Dylan, qui étaient restés cachés, comprirent qu’il y avait un problème. L’homme attrapa Marie par les cheveux et la traîna dans la pièce principale où il l’attacha et la musela. Il se dirigea vers Paul, le saucissonna à nouveau. Il reprit la barre de fer qui était plantée dans la tête de Jason et asséna quelques coups supplémentaires au cadavre, par pur plaisir. Cela le défoulait et l’amusait beaucoup !
Marie surveillait du coin de l’œil l’homme. Quand elle vit que Dylan esquissait un geste pour intervenir, elle lui lança un regard qui criait :
« – Dylan, non, ne bouge pas d’ici, c’est trop risqué ! »
L’ogre revint vers la jeune fille ligotée. Il ouvrit le frigo, s’empara d’un bocal et commença à cuisiner la cervelle qui s’y trouvait, sur une vieille gazinière dont l’état était, à lui seul, peu engageant… Ses deux comparses rentrèrent de leur chasse, sans proie, heureusement. Ils se mirent à rire quand ils virent qu’une jeune fille était accrochée au centre de la cabane, eux qui étaient déçus de n’avoir trouvé personne, voilà que leur pote avait dégotté une belle et jeune donzelle sans quitter son canapé ou presque ! C’était le jackpot pour ces trois-là !
« – Alors Philippe, on chasse en solo ? Dit l’un des hommes.
– Mais non, j’ai entendu des bruits, et je les ai trouvés, elle et un autre gamin, que j’ai « éparpillé façon puzzle », dans la pièce d’à côté.
– Ah, ah, ah, elle est bien bonne celle-là ! Bon, on va s’occuper d’elle !
Ils rigolaient.
Ils lui arrachèrent le scotch sur sa bouche.
– Laissez-moi partir, je vous en supplie ! Je ne dirai rien à la police, je vous le promets !
Les hommes explosèrent de rire et répondirent :
– On sait très bien que tu ne diras rien à la police !
– Pourquoi vous me gardez alors ?
– Car on va te tuer, ma jolie !
Elle se mit à nouveau à pleurer, terrifiée.
– Oh, ferme-la !
– J’ai une idée pour qu’elle arrête de brailler ! »
Joignant la parole au geste, l’homme prit du fil et une aiguille. Il la lui planta à l’une des extrémités de sa bouche. De douleur, la jeune fille s’évanouit. Sa bouche était totalement cousue. Quelques heures plus tard, Marie se réveilla. Paniquée, elle sentait son sang dégouliner sur son visage, et sur sa langue. Elle essaya de crier si fort qu’elle fit exploser l’un des fils. Elle souffrait physiquement mais aussi moralement, cela se sentait. Oh mon Dieu, le cauchemar continuait !…
Minuit sonna.
« – L’heure du massacre est arrivée… » claironna l’un des hommes.
Selon leur rituel, ils découpèrent puis décapitèrent la jeune fille comme du bétail. Leur tâche effectuée, ils allèrent se coucher, exténués mais satisfaits du travail bien fait : l’un sur le canapé, les deux autres dans la chambre du fond, avec Paul. Les enfants savaient qu’ils ne pourraient s’enfuir si l’un des hommes montait la garde. Émilie et Dylan étaient effondrés à l’idée de passer la nuit chez ces tueurs. Ils voyaient les cadavres de leurs amis, c’était insoutenable.
Le soleil se leva tranquillement. Les deux adolescents venaient de survivre à la pire nuit de leur vie. Depuis l’après-midi de la veille, ils n’avaient pas eu l’occasion de manger, de boire, ni même d’aller aux toilettes. Dans le silence de la nuit tout relatif, ils avaient remarqué qu’une horloge faisait un bruit pas comme les autres. A la place des aiguilles, c’étaient des os, ceci expliquait donc cela ! Dans leurs rêves noirs et sanglants, chacun avait imaginé prendre un petit déjeuner morbide. Sur leurs tartines de pain était étalée une bonne couche de sang gélatineux agrémentée de quelques petits morceaux de chair humaine, à la place de la confiture ! A cette idée, Émilie et Dylan avaient eu la nausée. Pourtant, leurs ventres ne cessaient de gargouiller tellement fort !
13 heures. L’un des hommes partit sortir le chien. Les deux autres parlaient football. Puis l’un d’eux suggéra :
« – Il faudrait peut-être nourrir notre kidnappé ?
– Je te laisse t’en charger.
– Allume la radio, pendant que je vais donner à bouffer à l’autre. Dis donc, tu l’as sacrément amoché le p’tit ! fit-il remarquer à la vue du corps de Jason.
Son pote se mit à rire également.
– Quoi de neuf aux infos ? Rien, comme d’habitude, tu peux changer de station ! Non, attends ! »
La radio grésillait :
« … disparus depuis 24 heures. Les quatre adolescents étaient partis camper près de la forêt de Wortham. Depuis, ils n’ont plus donné signe de vie… »
« – Ça serait pas nos deux gamins ? Ils étaient 4 alors ? Il nous en manque 2 !!!
Le dernier homme rentra de sa promenade avec le chien.
– Eh, ils étaient 4, les gamins, on a réussi à en avoir 2, les deux autres sont sûrement encore en forêt ! Allons les chercher !
– Bonne idée, on n’a bientôt plus de rillettes de cervelle ! Je prends le matériel nécessaire et je vous rejoins en voiture. »
Émilie et Dylan étaient très faibles et fatigués. Les hommes partis à leur recherche, ils sortirent de derrière le canapé. Ils coururent voir Paul, lui aussi était très faible, il tenait à peine debout. Ils se servirent à boire et mangèrent goulûment un morceau de pain, c’était la seule chose mangeable ici. Tous trois se précipitèrent tant bien que mal, vers la porte d’entrée de la cabane. Ils essayaient d’être discrets, au cas où les monstres reviendraient. Ils s’enfoncèrent dans la forêt. Ils entendirent le vrombissement de voitures : une autoroute n’était pas très loin d’eux. Ils s’arrêtèrent deux minutes, le temps de souffler un petit peu. Des officiers de police étaient certainement partis à leur recherche, cette idée leur redonnait de l’énergie. Émilie dit à ses compagnons :
« – On va y arriver !
Dylan s’effondra sur le sol. Émilie hurla de peur :
– Dylan ! Réponds-moi, qu’est-ce qu’il y a ?
Du sang giclait de la tête du garçon. En bons chasseurs, ils les avaient déjà retrouvés ! L’un des hommes lui avait tiré dessus et l’avait atteint en pleine tempe.
– Vite ! Il faut partir Émilie, ordonna Paul. Cours, s’écria-t-il. Il ne faut pas s’arrêter ! »
Émilie et Paul réussirent à atteindre l’autoroute. Ils attirèrent l’attention des automobilistes qui s’arrêtèrent pour leur porter secours. Pendant ce temps, les policiers avaient trouvé la cabane et les cadavres qu’elle renfermait. Étant certains d’être sur la bonne piste, ils reprirent leur voiture de patrouille pour retrouver Dylan et Émilie. Pour les deux autres, il n’y avait malheureusement plus rien à faire. Le hasard, ou le flair, allez savoir, les conduisit auprès du cadavre de Dylan, une flèche fichée dans le crâne. Puis, ils tombèrent sur les trois hommes. Bien que suspects, ils leur conseillèrent de quitter les lieux, en effet, de dangereux tueurs fous rodaient dans le coin ! L’un des monstres sortit alors son fusil et n’hésita pas à tirer sur l’un des officiers, en plein cœur. Heureusement ce dernier portait un gilet pare-balles, ce qui lui sauva la vie ! Son adjoint saisit alors son arme de service et vida son chargeur. L’un des 3 hommes mourut au bout de quelques minutes, ses deux complices reçurent des balles, l’un dans l’épaule, l’autre dans la jambe. Des camions de police, les secours et le FBI arrivèrent quelques instants plus tard. L’officier visé par les tueurs s’en sortait avec un bel hématome, au niveau du cœur…
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Les monstres écopèrent d’une peine de prison à vie. Dans un autre état, il ne fait aucun doute que c’était la peine de mort qui les attendait ! La presse avait exploité l’affaire à fond, révélant le moindre fait morbide, en effet, des tueurs fous qui choisissaient leurs victimes au hasard, voilà un fait divers qui passionnait les gens. Ces trois hommes aimaient seulement faire du mal à leurs victimes, sans raison.
Paul et Émilie, les deux seuls survivants de ces horreurs, eux, n’aspiraient qu’à oublier cette terrible affaire, ils avaient beaucoup de mal à s’en remettre. Ils étaient sans cesse traqués par les journalistes, avides de détails croustillants pour leurs lecteurs qui ne demandaient que cela. Émilie, à bout de nerfs, décida de se transformer pour recommencer une nouvelle vie, sous une nouvelle identité.
Aujourd’hui, elle est partie reprendre ses études en Californie. Elle ne s’appelle plus Émilie, mais Stella. Tandis que Paul, lui, a tout simplement déménagé dans l’anonymat d’une grande ville, à New-York. Tous deux sont devenus des amis et se voient très souvent.