Un rêve parti en fumée
♦ Nathan Masselis – 3e B ♦
Enseignante : Mme Llorca
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” – J’arrive, j’arrive !… Et merde, encore des factures, toujours des factures…“
Je jetai la liasse sur la table de la salle à manger et ne m’en préoccupai plus. Quelques heures plus tard, ma femme me tendit une des lettres en me disant : “Regarde, le facteur s’est trompé !…”
Je regardai de plus près et vis une enveloppe blanche adressée à un dénommé “Trevor”. A l’intérieur, il y avait une photo d’un groupe d’environ une vingtaine de personnes. L’un d’entre eux me ressemblait énormément, la ressemblance était troublante d’ailleurs. Au-dessus de cette lettre, il y avait une phrase tout aussi troublante… Il y était noté : “je sais qui tu es Franklin, ou devrais-je dire Trevor ?”
Cette lettre était quand même bizarre. La sensation que je ressentais l’était d’autant plus. Après avoir vu cette photo j’avais eu comme une espèce d’hallucination : je me voyais avec des hommes en tenues de combats (sûrement des soldats) et j’avais vraiment l’impression que cela était réel. Comme si j’y étais… C’était bizarre…
Pourtant je n’avais jamais été dans l’armée, je n’avais même pas fait mon service. Au fait, j’étais professeur de karaté, mais je dois dire que dans tous les sports de combats que je pratiquais, j’étais assez bon. Je ne me souvenais pas de mon passé car j’étais amnésique, mais je pense que je devais déjà pratiquer le karaté avant. Au fait, oui je suis amnésique, à ce que l’on m’a dit, ils m’ont retrouvé dans une forêt (assez rocheuse) avec un traumatisme crânien. Et personne ne connaissait mon passé, pas de famille, pas d’enfant, pas de femme, j’avais juste une petite maison dans un bled paumé d’Alsace Lorraine.
Quand, à l’hôpital, ils décidèrent de me laisser rentrer chez moi, j’avais regagné une barraque vide, rien, pas un lit, pas un meuble, il n’y avait même pas l’eau courante, ni l’électricité. Je finis par me demander comment j’avais pu vivre ici.
Tout ça pour dire que j’avais reconstruit ma vie. J’avais une femme, j’avais retapé l’épave qui me servait de maison. Je ne me souvenais toujours pas de qui j’étais et c’était ma seule préoccupation. Je voulais à tout prix savoir quel homme j’étais avant ce fameux accident, pour ça je me suis dit que je m’en donnerai les moyens et que j’allais commencer dès maintenant. Le lendemain je retournai à l’hôpital où j’avais été transféré après mon accident. Je poussai les deux grandes portes de l’hôpital, j’abordai la première infirmière que je vis, demandai de consulter les dossiers pour savoir quel médecin s’était occupé de mon hospitalisation : peut-être qu’il avait pu trouver des indices, peut-être sur les vêtements que je portais ? Je suis sûr que je trouverai quelque chose qui m’aiderait à sortir de cette amnésie qui me rongeait chaque jour.
Quand j’en ressortis j’avais bien trouvé quelque chose, une lettre plus précisément. Dès que je l’eus touchée, j’eus comme un flashback. Je la lus. Elle était destinée à un certain Trevor, bizarre ! Dans la première lettre que j’avais reçue, la personne m’avait appelé Trevor, serait-ce mon vrai prénom ?
C’était une lettre d’amour, pour quelqu’un qui était en guerre. Cela me mit un doute : suis-je marié ? Mon passé serait-il un passé de militaire ? En bas de la lettre, il y avait l’adresse du destinataire mais pas de prénom juste “ta femme”. L’adresse se trouvait en… Russie !
Comme ça n’allait pas trop avec ma femme et que je savais qu’elle m’avait trompé une multitude de fois, je décidai de partir à la recherche de mon passé. Aurais-je une autre femme qui m’attendait ? Peut-être des enfants ? Sans nouvelles ?
Je pris le premier avion pour la Russie. C’est pas la porte à côté mais ça valait le coup. Une fois arrivé là-bas, je fonçai chez elle. Une fois arrivé, je poussai le grand portail, pénétrai dans la cour. L’endroit était angoissant, il était vide, sans vie, j’entrai dans la maison : une vieille dame aux cheveux longs, blancs, qui agonisait m’attendait là. On avait l’impression que ça faisait une éternité. Et elle me dit : “Trevor enfin tu es là, je peux partir tranquillement, mes cheveux se mirent à pousser, à blanchir, ma peau se rida. Je me tournai et vis les murs de la maison s’arracher, les arbres voler et dans tout ce vacarme j’entendis la douce voix d’une petite fille : “Papi , Papi, tu penses encore à Mamie ?”