La dette
♦ Marion GOUST – 4e B ♦
Enseignante : Mme Amourette
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Moi, c’est James Duplont, j’ai une femme et trois enfants. Enfin j’avais… Ma femme et mon fils sont morts il y a 1 an. Ça a d’abord été mon fils Logan, un mois après, c’était au tour de ma femme Mila. Je me retrouve maintenant seul avec mes jumelles de 14 ans, Naya et Inaya. Nous vivons dans la peur encore aujourd’hui à cause d’une histoire qui s’est passée voici 1 an. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ont été tués et que nous nous cachons encore parce que cette histoire est loin d’être finie… Remontons 1 an et demi plutôt.
« – Nous n’avons plus assez de sous du tout. m’annonça Mila, ma femme.
– Je vais trouver une solution, ne t’en fais pas, lui répondis-je.
– D’accord, mais plus d’empreint à la banque, nous finissons tout juste de les rembourser. Rétorqua t-elle aussitôt.
Je partis sans dire un mot. Je décidai d’appeler mon ami d’enfance : Demon.
– Allô ?
– Ouais ?
– J’ai besoin de toi, tu m’as bien dit que tu connaissais quelqu’un à qui je pourrais emprunter de l’argent ?
– En effet, mais autant te prévenir, il n’est pas très fréquentable…
– Ne t’inquiète pas pour nous !
– Ok, je le contacte et je te redonne des nouvelles.
– OK, je te laisse alors, salut et merci ! »
Je raccrochai et j’allai voir Mila pour lui annoncer que j’avais trouvé une solution, elle était ravie ! Plus tard, dans la soirée, je reçus un appel de Demon me disant que c’était OK, qu’un certain Derek m’appellerait le lendemain, pour me donner un rendez-vous.
Comme prévu, dans la soirée, je reçus un appel masqué m’invitant à rejoindre Derek au 34 rue de la Mauvalie, à 22h35, très exactement. Toute la journée, j’appréhendais ce rendez-vous, mais j’étais prêt à tout pour sauver ma famille ! Je regardai ma montre : 22h07.
– Je vais être en retard ! Pensais-je.
Je pris mon manteau et sortis précipitamment. Je démarrai ma voiture, jetai un œil à l’heure : 22h15. Heureusement que je n’étais pas loin du lieu de rendez-vous ! J’évaluais un trajet d’environ 10 minutes. J’arrivai, garai ma voiture et me rendis à l’adresse indiquée par Derek. C’était une ruelle assez sombre, assez en tout cas pour qu’on ne puisse distinguer le visage de la personne vous faisant face.
En avançant dans la ruelle, j’aperçus le silhouette d’un homme baraqué. Je pus remarquer, grâce à la faible lumière du lampadaire qui éclairait la partie droite de l’homme, une tête de mort tatouée sur son bras gauche, mais je ne parvenais pas à distinguer ses traits. Il me dit d’une grosse voix :
« – Je suis Derek Marnickov.
– Moi, je…
Il me coupa sèchement la parole :
– Inutile de parler, je sais tout de toi ! Tais-toi !
Je tremblais un peu plus chaque seconde, mon cœur battait de plus en plus vite. Il poursuivit :
– J’accepte de te prêter 25 000 €, tu devras me les rendre dans 6 mois, intérêts compris, soit 35 000 € euros. Tu dois me rembourser le tout le 24 juin.
– Mmmais, bafouillais-je, 35 000 €, dans 6 mois, ça fait un peu tôt pour une telle somme !
– Non, c’est pas trop tôt !… Si tu ne remplis pas ce contrat, je n’hésiterai pas à te couper les doigts.
Après quelques longues secondes de réflexion, je murmurai résigné :
– Ddddaccord…
– Bien. Tiens, j’ai les 25 000 sur moi. »
Je rangeai fébrilement les billets et partis.
6 mois plus tard…
Nous étions le 23 juin. Je pris conscience réellement qu’il ne restait plus qu’un jour avant l’échéance : je devais rembourser 35 000 € alors que je ne disposais que de 25 000 €. Comment trouver 10 000 € euros en une soirée ? C’était impossible ! Je commençais à paniquer, à trembler, à tel point que je dus m’allonger sur mon lit. Mila sentit les frissons qui me secouaient, elle me dit :
« – Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as froid ?
– Euh oui, j’ai juste un peu froid.
Le lendemain matin, Derek m’appela. Même après 6 mois, je reconnus sa voix grave :
– C’est le grand jour, tu as les sous ?
– Non… Je n’ai que 25 000 €, Derek…
Mila surprit la fin de la conversation :
– C’est qui ce Derek ?, chuchota-t-elle.
– C’est un ami, ne t’inquiète pas !
Derek reprit :
– A minuit, si tu n’as pas trouvé les 10 000 € manquants, je tuerai toute ta famille, chaque membre, un par un et toi en dernier, je veux que tu souffres ! T’as compris ? »
Sans attendre ma réponse, Il raccrocha.
Toute la journée, l’interminable journée, je tentais désespérément de trouver la somme réclamée, mais en vain… A minuit, Derek me téléphona :
– T’as réussi ?
– Non…
– Ta vie est foutue, vous êtes TOUS FOUTUS !
– … »
J’étais tétanisé ! Derek raccrocha.
Un mois après ce terrible échange, vivant dans la peur constante qu’il ne tue un proche, je devenais paranoïaque.
Quand 2 mois furent passés, je cessais progressivement d’avoir peur en me convainquant que Derek avait tout abandonné, voire tout oublié (oui, j’étais très naïf), mais un jour…
J’étais chez moi, tranquillement, en train de lire quand j’entendis un cri aigü. Mila se rendit à la fenêtre pour voir ce qui se passait. Je l’entendis hurler. Elle se précipita dehors et se jeta par terre. Je sortis tout aussi vite, inquiet. Je vis Logan allongé sur le sol, du sang dégoulinait sur son corps inerte. Accroché au couteau qui avait servi à poignarder mon fils, un mot. Mila posa ses mains crispées sur le manche du couteau et retira la lame rouge du sang de notre enfant. En pleurant, elle commença à lire le message :
« Ce n’est que le commencement. D. »
Pendant qu’elle lisait le mot, j’appelai immédiatement les secours avant de retourner auprès de mon épouse, secouée par une crise violente de sanglots. Naya et Inaya qui rentraient du collège, nous virent par terre, écrasés par le désespoir. Elles coururent vers nous. Je ne pus les empêcher d’approcher, de voir leur petit frère allongé par terre, le sang couler, le couteau, la plaie béante… Les pompiers arrivèrent. Bien qu’ils firent tout leur possible pour réanimer Logan, ils ne parvinrent pas à le sauver :
« – Nous sommes désolés. C’est fini… Madame… Monsieur… »
Nous pleurâmes toutes les larmes de notre corps. Le ‘D’ du mot ne pouvait qu’être l’initiale de Derek. Je gardais toutefois mes soupçons pour moi, un secret si lourd à porter…
Nous essayâmes de déménager, mais la liste d’attente pour l’attribution d’un logement était trop longue. Nous nous contentions d’être prudents, espérant que la police parviendrait à solutionner ce meurtre horrible d’un enfant, de mon enfant… Mila me posait sans arrêt des questions sur ce fameux ‘D’, je ne répondais rien…
Un jour, Mila ne rentra pas de son travail à l’heure prévue, je m’inquiétais, évidemment. Chaque petit grain de sable dans notre vie huilée m’angoissait terriblement. Heureusement, son retard résultait d’heures supplémentaires qu’elle avait dû effectuer. Le lendemain matin, tout était oublié. Nous profitions d’une grasse matinée bien méritée. La maison était calme, tout le monde dormait. Soudain, une porte claqua. Je me réveillai en sursaut. Tétanisé, je vis dans la pénombre un homme masqué s’approcher de Mila qui dormait profondément, l’effet des calmants qu’elle prenait depuis le décès de Logan, probablement. Avant que je ne puisse l’en empêcher, il la poignarda violemment. Un cri… un souffle rauque… Je me précipitais à la poursuite du tueur mais je tombai et il réussit à s’échapper. J’appelai les secours, le scénario tragique se répétait. Cette fois, c’en était trop ! Après avoir perdu Logan, Inaya, Maya et moi-même venions de perdre Mila… Oui, elle était morte. Ce n’était pourtant pas très étonnant. Je décidai de tout expliquer aux filles, qui étaient déjà très tristes. Nous cherchâmes des solutions, en vain, la douleur nous empêchait de réfléchir sereinement.
Le lendemain, nous partîmes en voiture faire des courses dans un village situé à 3 kilomètres de notre maison. Au détour d’un virage, j’aperçus une voiture accidentée, au loin. Visiblement, nous étions les premiers sur le lieu de l’accident. Nous nous arrêtâmes, j’ordonnais aux filles de rester à l’intérieur de la voiture et sortis précipitamment du véhicule afin de porter secours aux éventuels blessés. En arrivant près de la voiture, je m’aperçus que les personnes n’avaient plus de visage ! Horreur ! Je n’en revenais pas de l’atrocité de la situation ! Les trois victimes étaient défigurées. Je pris le pouls du conducteur, un homme, apparemment, rien, il était mort. Je fis de même avec les personnes assises à l’arrière, je reconnus ce qui me semblait être deux jeunes filles, selon les robes qu’elles portaient, même conclusion ! Mortes. Tout à coup, mon sang ne fit qu’un tour… J’avais LA solution !! Une solution morbide, certes, mais nécessaire à notre survie. Ces trois-là étaient déjà morts, ils ne pourraient bénéficier d’une seconde vie. Mais les jumelles et moi ?… Je fouillai dans les affaires des cadavres et trouvais leurs papiers d’identité. Je les échangeais avec les nôtres, en vitesse, avec la peur au ventre qu’un autre véhicule ne surgisse. Sans hésitation, je passais à l’annulaire droit de l’homme, la chevalière en or qui ne me quittait jamais. C’était un bijou que mon père m’avait offert pour mes 15 ans, j’y tenais comme à la prunelle de mes yeux, mais là, je n’hésitais pas à m’en séparer… définitivement. Je retournais rapidement dans la voiture et démarrai à toute vitesse. A l’arrière, les filles étaient paniquées, elles me posaient mille questions :
« – Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi tu ne les as pas aidés ? Tu les abandonnes, sans appeler les pompiers ? Ils étaient morts alors ?… Papa, parle-nous ! »
Je restais sourd à leurs cris, j’étais comme paralysé. Je conduisais tel un robot, mécaniquement, instinctivement. Nous dépassâmes le village, je m’arrêtais quelques kilomètres plus loin. Petit à petit, la tension diminuait en moi, je reprenais mes esprits. Calmement, j’expliquai aux filles ce qui venait de se produire. Pendant quelques secondes, j’eus une pensée émue pour ma femme Mila, qui me répétait souvent ce proverbe que je trouvais ridicule « Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! » Et pour la première fois, il me parut sensé, ce proverbe ! Peut-être était-ce elle qui m’envoyait un signe ? Je sentis pourtant un rictus se dessiner sur mes lèvres, je le réprimais et me dis qu’une nouvelle vie pouvait commencer. Il fallait quitter le territoire français au plus vite. Nous décidâmes de prendre le premier avion pour l’Argentine, pays qui ne pratiquait pas l’extradition.
Arrivés à l’aéroport sans encombre, j’expliquai mon plan aux filles et leur révélai que nous devions vivre désormais sous de nouvelles identités, celles des trois victimes avec qui j’avais échangé nos vies. Naya se nommait désormais Elsa Dumoulin. Inaya s’appelait Jade Dumoulin, et moi, je répondais au nom d’Axel Dumoulin. Pour mieux coller aux personnages, j’eus l’idée de teindre les cheveux des jumelles : de blondes, elles devinrent brunes. Naya… enfin, Elsa – il fallait vraiment que ces nouveaux prénoms rentrent dans ma tête – râla quand elle me vit avec une paire de ciseaux à
la main. Je n’avais pas le choix car si Jade avait les cheveux longs, Elsa, elle, arborait une coupe au carré, il fallait sacrifier sa chevelure ! C’était le prix de notre sauvegarde ! Nous prîmes l’avion et arrivâmes à Buenos Aires, capitale de l’Argentine.
Revenons à aujourd’hui, 1 an et demi après.
Je vous ai tout expliqué. L’histoire aurait pu s’arrêter là… Mais non !
Ayant regardé divers reportages concernant les mafiosi, j’en appris beaucoup sur leurs méthodes abjectes. Or, mes soupçons se portèrent très vite sur le fait que Derek faisait probablement partie de ce type d’organisations. Il fallait que j’en ai le cœur net ! Pour cela une solution s’imposa à moi : engager un détective privé… Pourtant, je craignais que ces investigations ne mène Derek vers nous, pourtant, je devais savoir : cette histoire me torturait !
Il m’appela pour me livrer les conclusions de son enquête :
« – J’ai retrouvé qui est l’auteur des crimes qui ont décimé votre famille. Tout d’abord, ce Derek existe bien dans la Mafia mais il s’avère qu’il n’est pas impliqué dans votre affaire, la personne qui s’est faite passer pour Derek était en réalité un tueur à gage, engagé par…(un temps) votre meilleur ami d’enfance Demon… ! le mobile ? La vengeance ! Votre femme Mila a bien été son épouse, il y a 7 ans, n’est-ce pas ?…
– Comment ?! CE N’EST PAS POSSIBLE !!!… NON, PAS LUI ! Il faut que vous appeliez la police française tout de suite et que vous leur communiquiez toutes les preuves dont vous disposez, ce ****** ne s’en tirera pas comme ça !!!
– Très bien monsieur. »